Reprise des recherches et nouvelles découvertes! Depuis quelques temps, je m’intéresse aux branches collatérales de mes ancêtres de l’Ancien Régime. Via ces dernières on retrouve parfois des informations cruciales pour remonter les lignées directes, ce qui fut le cas pour ma branche BRANLY.
Les BRANLY sont originaires de Widehem dans le Boulonnais. Jusqu’à alors, l’ancêtre le plus ancien retrouvé était André BRANLY (~1663-1736), maître charron et époux d’Antoinette LEDUCQ (~1662-1738). Les descendants du couple de ma lignée demeure dans ce village jusqu’en 1844, date à laquelle Pierre François Léon DUHAMEL (1822-1899), mon Sosa 106 et fils de Marie Catherine Françoise BRANLY (1801-1883) avec Etienne François DUHAMEL (1799-1841), épouse en 1844 à Hubersent Marie Catherine Elisabeth FLAHAUT (1821-1866), grand-mère du grand-père maternel de mon grand-père: Louis Vital Adélard MERLOT.

La descendance BRANLY jusque Louis Vital Adélard MERLOT
En recherchant les frères et sœur d’Antoine BRANLY, second du nom, j’ai découvert que deux de ses sœurs avaient obtenu des dispenses de consanguinité pour leurs mariages. L’histoire a fait que les dispenses de l’Officialité de Boulogne-sur-Mer ont pu être conservées en partie, chose rare et précieuse dans une région où les dommages de guerre ont détruit de nombreuses archives. La première dispense consultée concernait le mariage de Marie Anne BRANLY avec Claude Martial DEPRE/DESPRES du 13 janvier 1785. Ces documents suivent une structure précise, on retrouve en premier les témoins sollicitant la dispense, l’arbre généalogique dressé, des détails sur le degré de consanguinité et pourquoi les partis sollicitent cette dispense.

« Le treizième jour du mois de janvier de l’an mil sept cent quatre vingt cinq à l’effet d’informer de l’empêchement qui se trouve au mariage qu’ont dessein de contracter Claude DESPRES domestique en la paroisse de Widhen et Marie Anne BRANLY demeurant à Widhen, des raisons qu’ils ont de demander dispense dudit empêchement de l’âge desdittes parties et du bien précisement qu’elles peuvent avoir ont comparu devant nous prêtre curé et doyen de Samer soussigné lesdittes parties; scavoir ledit Claude DESPRES âgé de vingt-huit ans, et laditte Marie Anne BRANLY âgée de trente-six ans, accompagnés de Jean LACAILLE cousin issu de germain audit Claude DESPRES, de Charles DESPRES frère, et d’Antoine DESPRES père dudit Claude d’Antoine BRANLY et de François BRANLY frères deladitte Marie Anne BRANLY tous demeurant en la paroisse de Widhen qui ont dit bien connoitre lesdittes parties et serment pris séparement des uns et des autres de nous déclarer la vérité sur les faits dont ils seront enquis, sur le raport qu’ils nous ont fait et les éclaircissement qu’ils nous ont donné nous avons dressé l’arbre généalogique qui suit »

L’arbre généalogique dressé souligne ainsi une parenté au 3ème et 4ème degrés entre les époux: le grand-père de Marie Anne serait le frère de l’arrière grand-mère de Claude. Cependant, les dispenses ne sont pas des documents totalement fiables comme on l’observe dans la suite du document:


« lesdittes parties et témoins ont fait toutes les recherches possibles et n’ont pu connoitre la souche commune. Trois témoins pensent sans certitude que Anne BRANLY et André BRANLY étoient frère et Soeure en ce cas il y auroit empêchement du troisième degrés au quatrième, le quatrième témoins assure que laditte Anne BRANLY étoit nièce d’André BRANLY ce qui métroit la paranté du trois au cinq en ajoutant à cela l’incertitude de la souche commune, on trouve un doute si les parties sont parents au degrés prohibés ou non.
A l’égard des causes ou raisons qu’ils ont pour demander dispense dudit empêchement, ils nous ont déclaré que laditte Marie Anne BRANLY est âgée de plus de vingt-quatre ans sans avoir trouvé d’autre parti qui lui convient et de la part du garçon qu’il désiré réparer l’honneur de la fille qui a souffert d’un mauvais commerce qu’ils ont eu ensemble il y a environ quatre ans ignorant qu’ils étoient parents et faire cesser le scandal peut peut-être causer la continuation de leurs entrevue comme aussy obvier à la récidive.
Et à l’égart de leurs biens, ils nous ont déclaré n’avoir aucun biens ni effets, d’autres que leurs bras et leur travail qui leur fourni au jour la journé, ce qui nous a été certifié par lesdits témoins cy dessus nommés et qui ont signé avec nous excepté Antoine DESPRES père du futur Charles DESPRES frère et François BRANLY frère de l’épouse qui ont déclaré ne scavoir écrire de ce interpellé. Fait à Samer lesdits jours et an que dessus. »
C’est donc le mariage de la sœur de Marie Anne, Marie Margueritte qui va permettre de résoudre cette énigme. Cette dernière épouse le père de Claude DESPRE alors veuf de Marie Elizabeth BIGAND, faisant de Marie Margueritte, la belle-mère de sa sœur! La dispense, en date du 5 février 1769 mentionne la généalogie suivante:

Le couple serait donc cousin non pas du côté d’André BRANLY, mais plutôt du côté de sa femme, Antoinette LEDUC/LEDUCQ, demi-sœur de Jacques LACAILLE à cause de Jeanne HACOT, mère. Cette dispense va piquer la curiosité du curé de Dannes qui décide d’écrire une lettre le 7 février 1769 à l’Evêque de Boulogne dont voici la retranscription:


« Monsieur,
Je vous renvoie Antoine DEPRE mon paroissien avec la dispense que monseigneur l’Evêque lui a accordé hier, parce que il n’y est pas parlé de la dispense du quatrième degré de consanguinité qu’il a avec Margueritte BRANLY, ainsi que vous pouvez voir dans l’arbre généalogique que je vous envoie; et que j’ai dressé sur le certificat que m’en ont [a rayé] donné Antoine BRANLY et Marie Anne LACAIL et que je vous c’y inclu. Cette contrariété de déposition des témoins m’a donné lieu de chercher la dispense qui a été accordé en mil sept cens soixante quatre à Charles L’HOMME et Marie Madeleine GROUX, et j’ai trouvé que la dispense est du trois au quatre et qu’il n’y est pas parlé du degré troisième. Si vous voulez vous donner le peine de chercher l’enquête qui a été faite en faveur de Charles LHOMME elle vous fera connoitre qu’il y a un degré de parenté du trois au quatre entre Antoine DEPRE et Marie Margueritte BRANLY, et l’enquête d’Antoine DEPRE vous fera aussi connoitre qu’il y a une parenté au troisième degré entre Charle LHOMME et Marie Madeleine GROUX dont ils n’ont point obtenus dispense. Ce Charles LHOMME demeure à présent dans la paroisse de Condette où il est meunier, le malheur est qu’il a des enfans de son mariage.
Si Monseigneur l’Evêque juge à propos de leur accorder dispense de deux degrés de consanguinité, comme il ne pourront point revenir ici à tems pour être marié, je vous pris de leur donner ou de leur faire donner la bénédiction nuptiale gratis, car ils n’ont point moien de payer. j’ay publié leurs bans le vingt neuf du mois passé, le deux et le cinq du présent sans qu’il se soit faite aucune opposition, et dans l’espérance d’obtenir cette dispense je les ai fiançé hier. je suis avec un profond respect,
Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur MANSON curé
Danne le 7 février 1769. »
L’arbre LHOMME x GROUX donné en fin du dossier permet de confirmer la consanguinité du côté d’André BRANLY et Antoinette LEDUCQ.

C’est donc une génération supplémentaire que j’ai pu remonter grâce aux dispenses et frères et sœurs. Jeanne HACOT décède à Widehem le 12 mars 1709 âgée de 82 ans et avait épousé Jacques LACAILLE à Alette en 1654. Son mariage avec Jean LEDUCQ, père d’Antoinette n’a pas été encore trouvé (ni via un CM).

JD
Sources:
- 1 G 878, pièces n° 17-19, Archives départementales du Pas-de-Calais
- 1 G 915, pièce n°5, Archives départementales du Pas-de-Calais
- Acte de sépulture de Jeanne HACOT via Filae (5 MIR 887/1, Archives départementales du Pas-de-Calais)