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Retrouvaille d’une fratrie, 317 ans plus tard…


En faisant des recherches généalogiques, on se demande souvent que sont devenus les familles, frères et sœurs de nos ancêtres et leurs descendants. l’histoire fait que certains suivent des chemins similaires tandis que d’autres, empruntent des voies différentes. Aujourd’hui, via des recherches récentes, c’est la famille GOYER, mes ancêtres qui finalement se retrouvent par hasard à plus de 850 km de distance et quelques 300 ans de séparation!

1. Claude GOYER et Marie DESFOSSES:

Signature de Claude GOHIER lors de son contrat de mariage le 26 juillet 1699 devant Maître DE LATTAIGNANT, Marie DESFOSSES n’a pas signé.

Aux origines de cette histoire, se trouve le couple formé par Claude GOYER et Marie DESFOSSES. Le premier est né le 26 janvier 1678 dans la paroisse de la haute ville de Boulogne-sur-Mer, Saint-Joseph. Fils d’Antoine GOYER, maître lardier et charcutier, milicien boulonnais, et de Jeanne LE HOCQ, il est aussi leur deuxième enfant après Jean (1676) et avant Jacques (1680-1719) qui, comme son père deviendra un soldat milicien mais décédera à l’hôpital de Calais sans laisser de descendance.

 » Le 26 janvier 1678 fut baptisé le fils de Anthoine GOHIER et de Jeanne LEHOCQ lequel eut pour parin Claude GRANDSIRE et Germainne LAFORGE lequel fut nomé Claude par son parin » 5 MIR 160/10/1 Archives départementales du Pas-de-Calais.

Marie quant à elle, trouve ses origines dans le village de Frencq dans le Boulonnais. elle y est née en décembre 1671 et a à ce jour une sœur cadette connue Anne, qui décéda 5 jours après sa naissance. Peu d’informations sont pour l’instant connues sur ses parents, si ce n’est leurs noms: Jacques et Antoinette DUBLIQUE. Marie a épousé auparavant Jean DHUET/DUEZ mais cette union est de courte durée puisque deux ans plus tard, Marie épouse Claude par contrat de mariage du 26 juillet 1699 suivie par la cérémonie religieuse en la paroisse Saint-Nicolas de Boulogne le 27 juillet.

« Le 14e de décembre 1671 fut baptizée une fille de Jacque DESFOSSE et de Anthoinette DUBLICQUE ses père et mère légitime, laquelle a été nomé Marie par Ferdinand GUILAIN et Marie FOURDINIER » 5 MIR 354/1 18/333, Archives départementales du Pas-de-Calais.

De cette union naitront 4 enfants: Marie Madeleine (ma Sosa 3721), Barthélémy, Marie Elisabeth et Georges. Seul Barthélémy décédera en bas âge à seulement 5 jours le 5 mars 1704. A cette heure, le devenir de leurs parents reste inconnu. On sait que Claude est décédé avant 1728 mais concernant Marie, les informations manquent.

Marie Madeleine GOYER est l’aînée de la famille et est baptisée dans la paroisse Saint-Nicolas de Boulogne en 1700. Elle épousera en 1ère noce Veran CHABAS (1686-1742), Son nom connaîtra par ailleurs une déformation puisqu’il deviendra SIABAS sur le Boulonnais, nom toujours porté par sa descendance dans la région. Veran était un soldat d’Ancien Régime et pensionnaire de l’hôpital des Invalides selon la description faite par les archives de ce dernier:

« Vincent Cabas dit La Joye, agé de 45 ans, natif de Cavaillon [84035] dans le Comtat d’avignon, fiffre de la Compagnie mestre de Camp du Regiment de Nice, Sortant par Incorporation du Regiment de Pery, ou il a Servy 21 ans, portez dans Son Certificat datté du 29 novembre dernier, est tres Incommodé d’une decente Complette du Coté Gauche, ce qui Joint a son oppression de poitrine le met hors de Service »

Après son mariage, Veran exercera la profession de tailleur d’habits. De son union avec Marie Madeleine, 7 enfants naitront dont Vincent Véran mon ancêtre (~1730- <1795). Cependant, il décédera en 1742, à l’âge de 55 ans, peut-être à la suite de son handicap. Marie Madeleine se remarie alors deux ans après avec Pierre CARY, le 14 juillet 1744. Elle meurt en 1767 à l’âge de 66 ans.

Sa sœur Marie Elisabeth épouse aussi un soldat invalide Michel RENOUL devant l’église Saint-Nicolas de Boulogne en 1739. Les origines de son époux son encore inconnu à ce jour, cependant leur acte de mariage mentionne Véran CHABAS comme « bon ami » de Michel RENOUL, supposant que les sœurs ont pu connaître leurs futurs époux via leur amitié. Mais Marie Elisabeth, domestique de profession survivra à sa sœur et à son frère, décédant en 1787 à l’âge de 83 ans. Finalement c’est Georges qui s’éloignera le plus de sa famille. Exerçant la profession de berger, il se marie à Rodelinghem à 33km de Boulogne avec Marie Anne FRANCOIS en 1728. C’est ensuite sur Marck qu’il passe le restant de sa vie, dont une partie de sa descendance ne s’éloignera pas pendant quelques temps.

2. La descendance de Georges et Marie Madeleine

En faisant mon arbre, il est assez rare que je poursuis la descendance complète des collatéraux de mes ancêtres, sauf si ces derniers sont des ancêtres d’autres arbres que je réalise. Etonnamment, ce fut le cas via l’arbre d’une amie, dont la famille ne vivait plus dans la région depuis plusieurs années. Mais revenons pour cela sur les devenir des familles.

les descendances de Marie Madeleine GOYER (mon ancêtre) et de Claude GOYER (ancêtre de mon amie) jusque la fin du XIXe siècle.

C’est du fils ainé de Marie Madeleine et Veran CHABAS, Vincent Vérand SIABAS que je descends. Ce dernier épouse Marie Françoise HAUDIAU (1723-1758) en 1752, fille d’un soldat, Jean-Baptiste, originaire de l’Anjou et de Marie Françoise DIEUSET issue de vieilles familles boulonnaises. Deux de ses enfants Jean-Baptiste (1753-1796) et Marie Madeleine Françoise (1752-1794) sont mes ancêtres (respectivement Sosa 930 et 941). Par leurs mariages, ils scelleront l’ancrage de la famille dans les activités maritimes, économie principale de la ville de Boulogne: Marie Madeleine épouse en 1771 Jean Nicolas DELPIERRE (1746-1806) issu de la famille la plus célébré de marin-pêcheur boulonnais. Quant à Jean-Baptiste, son histoire familiale et son divorce de Suzanne Elizabeth WATTEL (1750-) a déjà été racontée sur mon blog (voir l’article : que le divorce soit! et le divorce fut!). Leurs descendants resteront sur Boulogne-sur-Mer jusqu’à ma naissance. C’est l’union de Victoire GERME (1847-1894) et de Jean-Baptiste Gabriel PODEVIN (1835-1912) en 1866 qui réunira à nouveau les deux branches. Il faudra attendre le début du 21e siècle pour que leurs descendants quittent finalement Boulogne pour le Sud-Est de la France.

https://www.geneanet.org/cartes-postales/view/6647512#0

Pour la branche de Georges GOYER, sa famille semble déménager sur Marck vers 1765, date du mariage de Marie Anne Antoinette GOYEZ (1738-1800) avec Jean Antoine LORGNIER (1728-1772). Leurs descendants y resteront jusqu’environ 1840. A cette date, ils décident de partir pour Saint-Pierre-lès-Calais, poumon industriel de Calais, pour y travailler dans l’industrie du textile et plus particulièrement de la dentelle, en exerçant les professions d’ouvrier/ouvrière en tulle et de tulliste. On notera notamment l’alliance en 1861 entre Pierre François VANCUTSEM natif de Bruxelles et Marie Félicité Hortense TRIQUET, illustration de l’immigration belge dans le Nord-Pas-de-Calais attirée par le bassin industriel que représentait la région à l’époque. Cette descendance sera aussi touchée par la catastrophe de la Grande guerre. le 25 février 1916, Auguste François MORENT, petit-fils du couple VANCUTSEM x TRIQUET décède aux combats de Douaumont à seulement 32 ans. C’est son fils, pupille de la nation à seulement 9 ans qui partira définitivement du Pas-de-Calais pour le département du Nord. Tout comme la descendance de Marie Madeleine GOYER, la sienne partira vers la fin du 20e siècle pour le Sud-Est de la France.

C’est donc par hasard, que j’ai découvert que ces descendants du frère de mon ancêtre était en réalité la famille d’une amie de longue date! Ainsi, 300 ans plus tard, une partie de la famille GOYER et du peu qu’elle nous a transmis se retrouve, en découvrant comment deux branches peuvent évoluer, l’une choisissant la voie de l’industrie de la pêche quant l’autre, elle a choisi celle du textile, toutes deux symboles de l’époque d’or du Pas-de-Calais et de son industrie alors florissante.

J.D

Sources:


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